Le métier de pisteur secouriste a vu le jour il y a plus de 40 ans à Courchevel, sous l'impulsion d'Emile Allais, ancien champion de ski et directeur de la station à l'époque. Voici l'histoire du ski à Courchevel, en quelques dates clés :
1945 : 1ère remontée à Courchevel (Le téléski de Saint Agathe) - Courchevel Moriond
1946 : naissance de la station et nouvelles remontées mécaniques (téléskis de la Loze et des Tovets)
1950 : téléphérique de Saulire et jonction avec la vallée des Allues.
1954 : Naissance du service des pistes et du métier de pisteur
À l’époque, les pisteurs damaient les pistes à la force des jambes, skis aux pieds. Ils montaient en file indienne, en pas de montée serrés pour tasser la neige en traçant des escaliers… Un travail de titan !
Au fil des années, des outils ingénieux ont vu le jour : parmi eux, un rouleau géant tracté derrière le pisteur permettait de lisser la neige plus efficacement. Mais c’est grâce à Émile Allais, pionnier du ski français, que Courchevel franchit un cap décisif. Visionnaire, il fit venir des États-Unis un Snowcat, un engin utilisé pour les expéditions polaires. Ce véhicule tout-terrain fut transformé en dameuse, faisant de Courchevel la première station française à mécaniser le damage.
Une révolution qui fait encore aujourd’hui la renommée de la station pour la qualité de ses pistes.
Secourir un skieur blessé, retrouver une personne égarée ou intervenir rapidement lors d’un incident sur les pistes : les pisteurs-secouristes sont depuis longtemps les anges gardiens du domaine. Présents chaque jour dès l’ouverture du domaine skiable, ils patrouillent, observent, sécurisent… et sont prêts à intervenir à tout moment.
Formés aux gestes de premiers secours en montagne, ils utilisent des équipements spécialisés : brancards, motoneiges, traîneaux d’évacuation, radios… Leur mission est vitale, souvent invisible mais toujours essentielle. À Courchevel, leur expertise contribue largement à l’image d’excellence et de sécurité qui fait la réputation de la station.
Même si les missions principales des pisteurs ont peu changé depuis la création du métier, leurs outils, eux, ont considérablement évolué.
Aujourd’hui, le damage est pris en charge par une équipe dédiée de dameurs nocturnes, rattachée au service des pistes. Chaque nuit, ils parcourent le domaine à bord de dameuses ultra-perfectionnées pour offrir aux skieurs des pistes parfaitement préparées dès l’aube.
La sécurisation du domaine et la prise en charge des blessés restent au cœur du métier de pisteur-secouriste. Mais au fil des années, une mission essentielle est venue s’y ajouter : le déclenchement préventif d’avalanches, afin de garantir la sécurité des zones à risque avant l’ouverture des pistes.
Aujourd’hui, Courchevel compte 50 pisteurs-secouristes qui veillent chaque jour sur les skieurs et le domaine.
Les balises, ces panneaux ronds colorés que l’on trouve tout au long des pistes, indiquent leur nom et leur niveau de difficulté. Elles sont numérotées en ordre décroissant, la balise numéro 1 se situant toujours en bas de la piste. Ces numéros ne servent pas qu’à s’orienter : en cas d’accident, ils permettent de localiser précisément l’endroit où vous vous trouvez, ce qui facilite l’intervention rapide des pisteurs secouristes.
Autour des pistes, vous verrez aussi les jalons, ces bâtons de bambou qui délimitent clairement les zones skiables. Rester entre ces jalons, c’est rester sur la piste balisée. Un repère utile en cas de mauvaise visibilité : les jalons à sommet orange fluo se trouvent toujours à droite lorsque vous êtes sur la piste. S’ils sont à gauche, vous êtes hors-piste, donc en terrain plus dangereux.
Enfin, les jalons noirs et jaunes signalent des zones à haut risque : pentes raides, falaises, cailloux… Ces secteurs sont interdits et doivent absolument être évités.
Les pisteurs-secouristes sont formés pour intervenir rapidement en cas d’accident. Ils équipent les pistes, patrouillent et restent attentifs à toute situation nécessitant une assistance. En cas de blessure, la personne est transportée sur une barquette, un traîneau spécial qui pèse environ 35 kilos, sans compter le poids du blessé.
Manier ce traîneau dans la neige demande une technique et une condition physique exceptionnelles. C’est d’ailleurs lors du célèbre Mémorial du Pisteur que les secouristes s’entraînent et se défient dans un slalom parallèle… avec une barquette à tracter !
Pour garantir la sécurité des skieurs même lorsque le risque d’avalanche est élevé, les pisteurs mettent en œuvre le Plan d’Intervention de Déclenchement d’Avalanches (PIDA). Ce dispositif consiste à provoquer des avalanches contrôlées avant l’ouverture des pistes, grâce à différents moyens : explosions via Gazex, Catex ou tirs manuels.
Ce travail minutieux et technique permet de prévenir les accidents majeurs en sécurisant les zones à risque et en maintenant le domaine skiable sûr pour tous.
Ce sont les lève-tôt de l’équipe, ceux qui déclenchent les avalanches de façon préventive, pour que vous puissiez skier en toute sécurité toute la journée. Cette mission capitale se fait après une formation spécialisée, accessible aux pisteurs après leur deuxième année de pratique. Grâce à eux, les pistes restent sûres même en cas de risque élevé.
Chez nous, cette mission est assurée par Roxane (petite référence musicale pour les plus jeunes !). L’observateur nivo-météo réalise des relevés deux fois par jour et mène une étude approfondie du manteau neigeux chaque semaine. Ces données permettent d’évaluer précisément le risque d’avalanche et de rédiger le BERA, Bulletin d’estimation du risque d’avalanche, un outil indispensable pour la sécurité sur le domaine.
Le maître-chien est un allié précieux en cas d’avalanche : il intervient pour localiser les victimes totalement enfouies sous la neige. Sa disponibilité doit être totale afin d’intervenir sans délai en cas d’urgence. À Courchevel, nous avons deux maîtres-chiens, Fanny et Philippe, que vous croiserez peut-être en fin de journée, descendant les pistes avec leur chien, parfois même porté sur le dos ou en pleine course derrière leur maître à ski ! Fanny vous en dit plus sur cette spécialité dans notre article "Nos femmes en piste".