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Le Parc de la Vanoise avec Maxime
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Découvrez le Parc National avec Maxime, garde et animateur

Maxime, garde et animateur au Parc National de la Vanoise à Courchevel / Méribel

Un puits d’informations sur la vie sauvage de nos montagnes

Commencez une discussion avec lui et vous vous retrouverez vite plongé dans les détails de la vie trépidante des bouquetins, les parades de chants des tétras lyre ou des changements de robe des lagopèdes alpins, sans comprendre à la fin de la conversation que vous venez de passer 1 h à vous passionner de ces histories captivantes ! Parce qu’il travaille au Parc National de la Vanoise depuis 5 ans et qu’il a intégré depuis peu les équipes de la S3V, nous avons souhaité partager avec vous son parcours, son expérience, ses connaissances incroyables aussi, et nous en avons profité pour lui demander des conseils sur les lieux où vous rendre pour apercevoir les plus beaux spécimens de nos vallées.

Présentation & parcours

garde-parc
Maxime en pleine mission "Avifaune"

Petite présentation de ce passionné

Je m’appelle Maxime, je suis originaire d’Ardèche, j’ai 27 ans et je suis arrivé en Savoie il y a 9 ans pour mes études à Chambéry, en licence biologie et écologie puis en continuant sur un master en recherche en écologie de montagne. Aujourd’hui je suis spécialisé en étude comportementale des espèces de montagne pour le Parc National de la Vanoise. Concernant mes passions, j’aime la nature, l’escalade, l’alpinisme, le ski de rando : bref, tout ce qui touche à l’outdoor ! Je pratique aussi la pèche à la mouche en no kill.

Je m’appelle Maxime, je suis originaire d’Ardèche, j’ai 27 ans et je suis arrivé en Savoie il y a 9 ans pour mes études à Chambéry, en licence biologie et écologie puis en continuant sur un master en recherche en écologie de montagne. Aujourd’hui je suis spécialisé en étude comportementale des espèces de montagne pour le Parc National de la Vanoise. Concernant mes passions, j’aime la nature, l’escalade, l’alpinisme, le ski de rando : bref, tout ce qui touche à l’outdoor ! Je pratique aussi la pèche à la mouche en no kill.

Depuis quand travailles-tu pour le Parc de la Vanoise et comment l’histoire a-t-elle commencé ?

Je travaille au Parc de la Vanoise depuis 5 ans mais pas à temps plein, en enchaînant plusieurs statuts. J’ai commencé en stage de licence avec une étude sur le suivi des bouquetins puis en stages de master 1 avec l’étude des habitats du tétra lyre dans l’écosystème des domaines skiables et en master 2 avec l’étude comportementale des tétras dans ce contexte particulier de domaine skiable. J’ai ensuite réalisé un service civique au parc, en travaillant 6 mois sur le plan avifaune, l’étude des oiseaux locaux, puis en CDD en tant que garde en renfort estival et finalement aujourd’hui sur cette mission de garde et animateur en CDD de 18 mois. Et depuis janvier 2024 je suis également salarié à la S3V en tant que chargé de mission animation biodiversité. J’organise donc mon temps entre les missions confiées par le Parc et celles à réaliser pour S3V.

Ses missions au sein du Parc National de la Vanoise

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Marquage du tétra au dessus du Lac de Tueda à Méribel Mottaret

Comment se composent tes journées durant les différentes périodes de l’année ?

Les captures : Pour le parc de la Vanoise, je prépare, organise et réalise les captures des animaux, dans l’objectif de les marquer (colliers, boucles d’oreilles), prendre des mesures. Cela nous permet de réaliser un suivi de la population et un suivi sanitaire des espèces. L’objectif de ces captures est de mieux comprendre les espèces avec qui nous partageons la montagne pour ensuite mieux pouvoir préserver leurs espaces de reproduction, les zones de chants, leurs itinéraires de passages ou leurs lieux d’habitation. Cette activité est drivée par la saisonnalité, car nous sommes contraints par leur rythme de vie. Par exemple, nous marquons les aigles royaux, les renards, les biches et les lièvres variables en hiver, les tétras lyre et les lagopèdes au printemps.

Les animations : J’organise aussi des interventions qui ciblent plusieurs publics : le personnel en interne, les socio-pros, le grand public via des conférences plus ou moins scientifiques et j’organise aussi des animations sur des points de rencontre, l’été au refuge du saut tous les jeudis après-midi, l’hiver tous les mercredis sur le domaine skiable. Tout ceci avec une multitude de matériel : des cornes, des traces de pas d’animaux, des cartes de suivi gps, etc. Sur ces moments d’échange je suis le plus transparent possible car c’est connaissant mieux les espèces qu’on évitera au maximum les mauvaises pratiques !

maquage-tetra
Marquage d'un tétra-lyre à l'aube

Comment fonctionnent ces captures de marquage ?

Dans tous les cas, nous utilisons le moins de produit chimique possible, c’est-à-dire que nous évitons les anesthésies et nous faisons tout pour diminuer leur stress, en étant le plus calme et le plus efficace possible. Les puces GPS installées font toujours moins de 5% du poids total des animaux pour être le moins handicapant possible. Même si certains gros animaux ressemblent à des sapins de Noël avec leur marquage conséquent, qui nous permettent aussi de les reconnaitre de très loin et de moins les déranger (les cervidés par exemple), il n’y a jamais eu de cas de blessure ou de mortalité à cause de la mise en place des colliers.

Lors des captures, il faut être 3-4 bagueurs minimum, avec des compétences et des connaissances poussées pour être le rapide et calme : si le bagueur est stressé, l’animal le ressentira immédiatement.

Pour le tétras lyre par exemple, on déploie peu importe la météo, au petit matin (4h-5h), un filet de 20m sur les places de chant, au moment des périodes de reproduction. Une fois pris dans le filet, la tête du Tétras est couverte d’une sorte de chaussette pour le mettre dans le noir, ce diminue nettement son stress. On lui pose ensuite le marquage, en prend quelques mesures puis on le relâche. Il est arrivé que 30 minutes après avoir relâché un tétras sur une zone de chant suite à un marquage, celui-ci est revenu sur le filet. C’est signe que ça ne l’a pas trop perturbé !

Pour le bouquetin, des cages sont installées sur des barres rocheuses. Il est attiré par le sel dans la cage et une fois à l’intérieur, la caméra de détection de mouvement déclenche la fermeture de la cage sur notre commande. Il est bien sûr possible de ne fermer la cage que lorsqu’elle contient un animal déjà marqué. Une fois sur place, les yeux sont cachés avec à nouveau ces fameuses chaussettes, les pattes bloquées. On fait alors une prise de sang, on mesure les cornes, on prend des mesures de la taille, des pattes puis on procède au marquage avant de les relâcher.

capture-tetra-lyre
Capture d'un tétra dans un filet

Qu’avez-vous appris grâce à ces captures pour marquage ?

On en a plus appris en 7 ans d’étude sur le déplacement des tetras lyre que sur les 50 dernières années, d’où l’intérêt de faire du suivi, même si la méthode semble intrusive.

En 7 ans on a donc marqué plus de 200 tétras, on a confirmé les idées que leurs zones refuges peuvent être sur des terrains aménagés ou des zones naturelles, mais souvent sur des plantations serrées ou des falaises sans skieurs. Donc, des zones où les skieurs ne passent jamais ou très peu. Les tétras se rendent tout de même sur les zones de ski, notamment en période de reproduction, au lever du jour au printemps : ils vont chanter sur les pistes de ski car ce sont des zones ouvertes. D’où l’intérêt de conserver et dupliquer ces zones refuges où le ski est interdit. On a aussi pu étudier que leur stratégie d’activation en hiver était très réduite : ils sortent un peu le matin, un peu le soir pour se nourrir, en dehors des horaires du domaine skiable. Plus on les dérange, plus ils ont besoin de s’alimenter et donc de se déplacer et plus ils se fatiguent.

Focus sur la faune du Parc National

Quelles sont les 3 caractéristiques que tu admires le plus sur les animaux ?

Difficile de choisir car tout est incroyable dans la nature !

Les sabots des bouquetins : le dessous des sabots est fendu, sans membranes entre les deux parties mais avec deux coussinets anti dérapant, ce qui lui confère une mobilité incroyable. C’est comme si le bouquetin avait 8 sabots et était chaussé de 8 chaussons d’escalade et qu’il pouvait grimper du 6C sans dévers…

La caractéristique de la robe du lagopède alpin : sur ses pattes qui ressemblent à celles d’un lièvre, les plumes descendent jusqu’aux ongles. Aucune partie de peau n’est donc pas protégée, ce qui lui permet de vivre dans des conditions extrêmes. Toutes ses plumes sont divisées en deux parties, une plume « normale » et une sous couche duveteuse nommée hyporachis, qui le protège encore davantage du froid. Cette caractéristique est présente chez tous les galliformes de montagne.

La puissance des aigles : Lors des captures, je suis toujours étonné de la force dans les pattes des aigles. Je pèse 90 kg, l’aigle en fait 4kg, mais quand il décide de bouger les pattes, je ne peux pas l’en empêcher. Je les maintiens et ne lâche pas, mais je dois obligatoirement faire un pas en avant pour qu’il ne s’envole pas.

Quel est d’ailleurs l’animal qui te fascine le plus, celui pour lequel tu as le plus d’admiration ?

Le lagopède ! C’est un oiseau unique, qui vit dans des conditions extrêmes, en très haute montagne, entre 2600m et 3600m. Nous avons relevé qu’un des lagopèdes avait passé plus d’un mois au sommet de l’Aiguille de Peclet, à 3500m d’altitude ! C’est incroyable de pouvoir vivre dans ce milieu de haute altitude, en se nourrissant seulement de lichen trouvé sur les rochers.

J’admire aussi leur confiance en eux, car ils pensent passer inaperçu sous leur pelage qui se révèle être un camouflage hyper efficace : ils ont 3 types de robes, dont une spécialement adaptée au mix neige et caillou, idéale pour les périodes d’automne et de printemps.

Malheureusement, c’est aussi ce qui va mener à sa disparition dans nos montagnes, car le changement climatique est trop rapide et ils n’auront pas le temps de s’adapter à ce changement pour adapter leur robe. Ils seront donc moins bien camouflés et plus visibles des prédateurs. A noter que le lagopède, même s’il est voué à disparaitre dans les Alpes, n’est pas en danger d’extinction car il est très présent dans les pays du cercle arctique.

La capture du lagopède est d’ailleurs très complexe : nous n’en avons toujours pas capturé cette année, on les manque facilement et leur milieu d’habitation est très austère.

lagopede-alpin

Les chiffres !

3 couples d'aigles royaux à Méribel & Courchevel

L'aigle royal

Un couple dans la vallée des Avals qui utilise le domaine skiable, notamment celui de Moriond et 2 couples d’aigles royaux dans la vallée de Méribel.

Entre 2000 et 3000 individus à cornes

Le bouquetin

Ils seraient entre 2000 à 3000 bouquetins sur le Parc de la Vanoise - difficile de compter très justement !

Des coqs chanteurs

Le tétra-lyre

Ils seraient entre 60 et 80 coqs chanteurs mâles sur la Vallée de Méribel. Pendant la période de reproduction, ils se placent à l'aube sur des places de chants, souvent sur les pistes de ski, pour faire part de leur emplacement aux femelles.

Des rassemblements en masse pour se protéger

Le lagopède

A l'automne, un rassemblement de 40 lagopèdes a été vu sur le domaine skiable de Val Thorens. En se rassemblant, ils augmentent le mécanisme de protection : plus d'yeux pour voir les prédateurs et 39x moins de chance d'être la proie !

Une période de 5 jours pour marquer

Suivi des aiglons

Marquage des aiglons entre le 50ème et le 55ème jour : quand les aiglons ne peuvent pas encore s’envoler mais qu’ils sont assez âgés pour ne pas sauter

(NB : il n’y a jamais eu de soucis avec les aiglons)

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Les best spots de Maxime à Méribel

Quels sont les coins que tu conseillerais à ceux qui voudraient voir de loin cette faune locale ?

Déjà il faut se lever tôt !

Pour les bouquetins, je conseille les Lacs Mont Coua, les moraines de Gebroulaz ou le col du souffre, c’est vraiment un lieu hyper prisé par l’espèce, même LE hot spot à bouquetins.

Pour les aigles, on peut les voir autour de la réserve de Tueda, vers l’Aiguille du Fruit et jusqu’au refuge du Saut. Ils sont aussi visibles autour de la dent du Villard sur Courchevel, ou dans la vallée des Encombres dans les Belleville. Etant donné qu’ils ont besoin des thermiques pour voler, il y a moins besoin de se lever tôt, mais bien penser à lever fréquemment la tête quand les chaleurs se mettent en place et quand les marmottes sifflent une seule fois très fortement.

Pour les tétras, les observations se font durant les périodes de chant, au mois de mai, sur tous les sites relevés, que je vous laisserais découvrir vous-même !

lac-rateau
Le lac du Rateau et ses aiguilles

Tes 3 spots préférés en montagne, dans le parc ou à côté ?

Encore une fois, à Méribel ce sont les lacs Mont Coua jusqu’au Col des Fonds qui fait la jonction avec Chavière.

A Courchevel, le Lac du Rateau, encore plus joli que les Lacs Merlets à mon sens car il est d’un bleu-vert, presque turquoise, dans un cirque magnifique, au pied des aiguilles du Rateau. Et les bivouacs y sont autorisés car c’est en dehors du parc, à condition de respecter les lieux.

En hiver ? Toujours les Lacs Mont Coua (rire). En ski de randonnée. Sinon sur le domaine skiable, le Mont Vallon pour la vue incroyable sur les glaciers et mon bureau de l’été !

lacs mont coua

Tous concernés

Que peut-on faire en tant que visiteur pour limiter notre impact dans le parc et plus généralement en rando en montagne ?

  1. Ne pas sortir des sentiers : c’est primordial. En se baladant en dehors des sentiers, on laisse des odeurs. C’est encore plus vrai avec les chiens, qui sans laisses peuvent trouver et détruire les œufs des espèces et laisser des odeurs de prédateurs sur toutes les zones habituellement fréquentées par la faune locale. Ils sont aussi porteurs de maladies. Donc, c’est super important de bien garder les chiens en laisses en montagne, même en dehors du Parc ! Dans le parc, ils sont interdits.

  2. Ne pas laisser de déchets alimentaires ni de déchets tout courts : les animaux sauvages n’ont pas besoin qu’on les nourrisse, la nature est bien faite et s’auto-régule.

  3. Ne pas cueillir les fleurs, laisser la nature de la même façon qu’on l’a trouvée en arrivant.

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