Il y a un peu plus de 80 ans, en 1946, la station de Courchevel se dotait de sa première remontée mécanique : le téléski de Sainte Agathe.
Ce nom fait référence à Agathe Curtet, qui au début des années 1900 a ouvert le premier hôtel de la commune de Saint-Bon : le Lac Bleu. Cet établissement marque le début de la touristification du territoire. Initialement créé pour répondre à un besoin estival, son ouverture sera étendue à l’année, pour développer l’activité hivernale sur la station et accueillir les premiers skieurs de Courchevel…
Initialement, le ski était un moyen de locomotion Damer les pistes à l’aide de ses skis. Comment ? En montant à la queue leu-leu et en escaliers, skis aux pieds, pour damer….
Depuis des millénaires, le ski est utilisé dans les pays nordiques comme moyen de locomotion, au même titre que l’usage d’une voiture ou du métro pour nous autres. Ce n’est que très récemment que sa fonction a évolué en sport puis en activité de loisir.
Dans les années 20 : Une pratique réservée aux plus sportifs A partir de 1925, Louis Curtet et André Vilna, conscients du potentiel qu’offre le territoire pour le développement d’une activité 4 saisons, décident d’ouvrir un hôtel à l’année dans la commune de Saint Bon.
A ses débuts, pas de remontées mécaniques, pour pouvoir profiter d’une descente à ski il fallait d’abord sortir l’huile de coude pour monter à pieds ou à peau de phoque la montagne. Les plus sportifs partaient pour la journée et grimpaient jusqu’au col de la Loze, la pointe de Vizelle, le Roc Merlet… Tous ces sommets qui sont aujourd’hui accessibles facilement et sans efforts grâce aux infrastructures (pour notre plus grand bonheur à tous !).
Imaginez, à cette époque, pour vous rendre au sommet de la Vizelle il fallait compter 7h15 de montée environ, là où aujourd’hui quelques dizaines de minutes sont nécessaires.
A cette époque, le Club Alpin Français, le ski club de Saint- Bon ainsi que le Touring Club de France ont commencé à organiser des compétitions de descente, slalom et saut à ski, pour attirer les sportifs du coin et promouvoir ce nouveau sport.
Puis est né le métier de moniteur de ski, afin de permettre au plus grand nombre de pratiquer cette activité. A Saint-Bon les premiers moniteurs furent des autrichiens embauchés par Louis Curtet et attachés à l'hôtel du Lac Bleu. Par la suite, les jeunes du pays se formèrent et purent les remplacer. Jean Pachod fut le premier Saint Bonnais diplômé, suivi par Régis Chevallier, Eugène Chardon, Jean Sullice et Jean Blanc.
Une optimisation des infrastructures pour développer l’activité Quelques années plus tard, le développement des sports d’hiver permet les premiers aménagements urbains. Le ski devient alors un sport et un loisir accessible à tous : les stations se développent et une nouvelle économie naît grâce au tourisme hivernal.
A Courchevel, entre 1928 et 1940, Louis Curtet - maire de la commune, souhaite profiter de cette effervescence pour développer les infrastructures touristiques et améliorer l’accueil des hivernants. Ouverture des chalets d’alpage aux skieurs, aménagement d’une bergerie pour accueillir des groupes de jeunes skieurs puis ouverture de chalets hôtels au Praz, puis à 1550 ou Moriond… De nombreux aménagements suivent, avant l’étude des premières remontées mécaniques dans les années 30. Ces projets seront malheureusement mis en stand-by à cause de la seconde guerre mondiale.
Un fort potentiel remarqué dès 1942 C’est avec le gouvernement de Vichy que les projets d’aménagements de la région des 3 Vallées revoient le jour.
Jean Blanc, enfant du pays et trois fois champion de France de ski, sait que le territoire n’a rien à envier aux stations suisses et autrichiennes. Il participe donc activement au développement de la station et fut à l’origine de la première remontée mécanique : le téléski Saint Agathe, situé à Moriond et construit en 1946.
La même année, le conseil général de la Savoie décide à son tour de prendre part dans l’aménagement du territoire afin de proposer une nouvelle station de sports d’hiver. Un plan d’urbanisme voit alors le jour et permet la construction d’une route, des premiers hôtels et des premières remontées mécaniques (téléski de la Loze et des Tovets).
L'origine du nom “Courchevel” En parallèle, une réflexion est lancée sur le nom de cette future station. Le plateau des Tovets, lieu où est construite la station, n’est pas un nom vendeur et commercial aux yeux des décideurs de l’époque.
Leur choix se porte sur Courchevel, faisant référence au terme “ecortzevé” qui signifie “écorché” en patois de Saint-Bon, et désigne un lieu dit situé à 1500m d’altitude où les bergers étaient vigilants avec leur bétail, tenté par la pousse printanière des brins d’herbe verts et drus, fatals à leur langue.
L’expérience d’Emile Allais au service de Courchevel Puis, dans les années 50, le développement de la station connaît un nouvel élan avec la mise en service de plusieurs équipements : 6 téléskis, un téléphérique des Verdons à la Saulire (qui permet une jonction avec la vallée des Allues), 3 télébennes Verdons, Praz et Grangettes… C’est alors le début du Courchevel que nous connaissons aujourd’hui.
Emile Allais était directeur technique et sportif de la station. C’est lui qui inventa l’idée du domaine skiable damé et entretenu offrant un plus grand confort pour les skieurs. Pour lui, il était plus important d’aider les skieurs à descendre plutôt que de les aider à monter. Il sera également précurseur sur la question de la sécurité sur les pistes, car il inventera le métier de pisteur-secouriste, aujourd’hui démocratisé et présent dans toutes les stations de ski du monde.
Aujourd’hui, Courchevel c’est 60 remontées mécaniques pour 93 pistes de ski alpin. Elle a accueilli de nombreux événements sportifs comme par exemple, les jeux Olympiques d’Albertville en 1992 ou prochainement les championnats du monde de ski alpin 2023. Ainsi, la station est devenue une référence internationale dans le paysage des stations de sports d’hiver, et fait partie du plus grand domaine skiable du monde : les 3 Vallées.
Pour en savoir plus sur l’histoire de Courchevel, rendez-vous sur les archives de l’ina de la station de ski.