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Evacuer une remontée mécanique
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Tout savoir sur l'évacuation d'une remontée mécanique !

Une équipe de pro

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Louis-André, l'un des deux responsables des évacuations verticales

Une petite présentation s'impose

Franck, chef de secteur sur Pralong et Creux à Courchevel, 28 années d’ancienneté. J’ai débuté ma carrière comme remplaçant horaire aménagé sur plusieurs secteurs. Ensuite j'ai été sollicité pour intégrer le contrôle itinérant dont je suis devenu responsable par la suite. A mon embauche sur l’été, je me suis vu réaffecté sur des postes de conducteur adjoint et conducteur, avant de postuler à un poste de conducteur remplaçant. L’évolution s’est poursuivie sur les secteurs jusqu’à mon poste actuel. En 2010, j’ai répondu à un appel à candidature pour intégrer une équipe de formateurs sauvetage, le référent ayant pris sa retraite.


Louis André, dit Dédé, chef de secteur à Mottaret. Je suis entré dans l’entreprise en 1983, à l’âge de 17ans. J’ai commencé en tant que saisonnier et conducteur d’un téléski et l’été je travaillais pour des entreprises de montage, comme POMA. Étant donné que je connaissais les appareils pour les avoir installés l’été, je passais souvent conducteur sur les nouveaux appareils. En 1993 je suis passé chef de secteur. Concernant l’évacuation, au départ il n’y avait pas de formation spécifique: on montait à un pylône, on descendait sur le câble et si la démo était réussie on rentrait dans l’équipe de sauveteurs. J’ai toujours aimé l’escalade, l’alpinisme, la manipulation des cordes et c’est plus précisément depuis 2015 que j’ai pris la responsabilité des équipes évacuations. Ce qui m’intéresse c’est le côté aventure, la formation, la verticalité et de toujours rester à la pointe de l’innovation en essayant de ramener des nouvelles techniques et du nouveau matériel.

C’est quoi exactement une évacuation verticale ?

Franck : il s’agit de la phase ultime de récupération de nos clients en cas de panne sur un téléporté lorsque celui-ci ne peut plus être remis en route. Les personnes sont alors évacuées par des sauveteurs - nommés aussi voltigeurs - à l’aide de cordes et de harnais, depuis les véhicules vers le sol. Ils sont ensuite accompagnés vers un lieu sûr par nos équipes.

Dans quel cas met-on en œuvre des évacuations verticales ?

Louis-André : Les évacuations verticales sont organisées suite à l’arrêt d’une installation avec immobilisation. La cause est souvent liée à la météo : vent fort, givre, formation de glace sur les pinces des véhicules mais peut aussi être une panne ou une casse mécanique. Pendant les 30 premières minutes d’arrêt, c’est aux techniciens ou aux électriciens de tout mettre en œuvre pour résoudre la panne. A savoir aussi que chaque appareil dispose d'un moteur de secours pour évacuer les véhicules (télésièges ou télécabines) sur la ligne, jusqu'en gare. Au-delà de ces 30 minutes, si tous les vehicules ne sont pas évacués et que l'appareil ne peut redémarrer, on lance un plan d’évacuation verticale. A partir de ce moment, nous avons 3 heures pour évacuer toute la ligne.

evacuation-telecabine
Exercice d'évacuation verticale sur un télécabine

Techniquement sur les lieux ça se passe comment exactement ?

Louis-André : Dans ce cas, un chef des opérations est nommé : c’est lui qui gère les binômes, le dispatch sur les zones en fonction des portées définies à l’avance. Il suit sur place l’opération, prend contact avec les pisteurs (et moniteurs) pour qu’ils se placent sous la ligne pour indiquer combien de véhicules sont occupés, combien de personnes au total sont bloquées et vont ensuite rester sous la ligne pour réceptionner les clients une fois au sol.

Les équipes vont être acheminées sous la ligne, en scooter, chenillette ou à ski.

Chaque groupe comprends 2 équipiers :

  • Un voltigeur : il monte au pylône avec l’échelle, s’installe et part en descente sur le câble avec sa roulette. Il est complètement autonome : une fois arrivé sur le véhicule, il installe une corde fixe pour lui permettre de descendre sur le toit de la cabine, met en place un descendeur, descends dans la cabine, équipe les clients avec les triangles d’évacuation et les fait descendre les uns après les autres. Dès que la cabine est vide, il remonte sur le toit du véhicule à l’aide d’une poignée jumar sur sa corde fixe, remporte son matériel et continue jusqu’au prochain véhicule.

Le voltigeur dispose d’un sac de 17 kg environ comportant une corde de 50m, des triangles d’évacuation ou culotte pour les clients, une poignée jumar pour remonter sur la corde, un descendeur etc.

  • Un équipier : il monte à l’échelle avec le voltigeur et vérifie sa sécurité. Il redescend ensuite par l’échelle pour rejoindre le prochain pylône et à nouveau assurer la sécurité du voltigeur sur sa nouvelle mise en place.

Les équipes doivent elles-être formées spécifiquement et en quoi consiste la formation ?

Louis-André : C’est souvent au bon vouloir des personnes, il faut être motivé pour faire partie de cette petite équipe. A Mottaret, nous sommes 45 personnes au total.

Pour les nouveaux, ceux qui seraient intéressés, une initiation est organisée : présentation du matériel, ski avec sac de 17kg, montée sur pylône de 22m et petite ascension / montée sur corde. C’est facile de descendre sur un véhicule, mais il faut ensuite remonter sur la corde pour repasser sur le câble !

Si cette initiation est concluante, ils s’inscrivent à la formation en interne de 4 jours prévue à l'automne.

Des exercices sont ensuite prévus tous les hivers, en journée sur des appareils d’entrainements (à Courchevel un bout de télésiège est disponible à l’Altipole et à Mottaret sur la Combe du Laitelet) ou en soirée en réel, avec simulation complète. Les équipes font à minima 2 exercices complets par hiver.

Quant à nous formateurs, nous sommes formés par des organismes extérieurs.

Avez-vous des statistiques sur les évacuations verticales pour Courchevel et Méribel-Mottaret ?

A Courchevel, Franck : Depuis 2011, plusieurs interventions ont été lancées. Le 29 décembre 2012, 38 personnes ont été secourues sur le télésiège du Biollay. Le 07 janvier 2016, 2 équipes ont été détachées sur l’évacuation du Pas du Lac. Les Chenus ont vu par 3 fois (février 2019, décembre 2021, février 2022) quelques personnes secourues dans des cabines mal embrayées. Le soir du 1er janvier 2022, c’est sur le télécabine du Jardin Alpin que 78 clients ont été évacués dans des conditions nocturnes. Plus récemment, sur le télésiège du Roc Merlet, 11 clients ont pu rejoindre leur hébergement depuis les hauteurs du domaine, à la fin de la journée du 23 décembre 2023.

A Mottaret, Louis-André : Sur les 10 dernières années, 2 évacuations ont eu lieu. Une sur Pas du Lac où une dizaine de personnes ont été évacuées. C’était une opération très compliquée car il y avait beaucoup de vent, beaucoup de givre. J’étais en chef des opérations et ça ne s’est pas très bien passé car en plus d’avoir eu des problématiques d’acheminement du personnel, le descendeur d’un voltigeur a gelé lors de la descente et le voltigeur s’est retrouvé coincé à 4m de haut. Il a fallu trouver un moyen de le descendre depuis le bas, tout ça dans une tempête et -20°C. En 2019 nous avons également évacué 3 personnes de la partie haute de la l’ancienne télécabine des Plattières. Un dépôt de glace s’était formé en gare et les cabines ne pouvaient plus avancer.

Avez-vous en tête un souvenir fort d’une évacuation verticale ?

Louis-André : une qui m’a vraiment marqué, sur le mont vallon, 1988, à l’issu d’une panne mécanique, où j’ai pu profiter de la présence d’un hélicoptère de POMA (le constructeur de remontées mécaniques), en visite de chantier. Tout à pu être géré depuis l’hélicoptère : le tour de ligne et l’acheminement des équipes à pu être géré en hélicoptère ce qui nous a fait gagner beaucoup de temps.

Les évacuations verticales se passent toujours très bien et les clients sont ravis de rejoindre le sol, après la petite dose d’adrénaline lors de la descente. Mais au final ils sont toujours grisés de l’expérience !

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